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Suivi de
Des arbres
Poésie
À Plus d’un Titre éditions – 2008
Chambre
Chambre est à moi depuis toujours
Depuis presque le commencement
Un presque que l’on peut appeler toujours
Chambre est bleue de deux bleus différents
Chambre m’attend
Chambre m’a toujours attendu
Passages moins fréquents avec l’âge
Mais Chambre m’attend encore
Une semaine ou une autre
Chambre ne compte pas
Chambre n’attend rien
Chambre m’attend
Chambre est muette
Je ne sais rien de ses aubes quotidiennes
Qui naissent et s’élèvent des montagnes
Pour percer ses défenses persiennes
Chambre ne me raconte pas
La langueur de ses jours
Sa tristesse ou son indifférence
Aux sons aux bruits à la lumière
Chambre n’est pas vivante
Morte encore moins bien sûr
Chambre n’est pas une chose non plus
À peine un espace à peine un vide
Chambre ne sait rien de l’existence
Éventuelle d’autres chambres
Chambre n’est pas jalouse
Et se fout de ma vie
Chambre pourtant me réconforte
Parfois et me protège en m’isolant
Réconforts moins fréquents avec l’âge
Chambre le fait encore parfois pourtant
Depuis Chambre aujourd’hui j’ai vu
La première neige de l’année recouvrir
L’extérieur de la fenêtre aux montagnes
D’un champ de glace qui semblait très fin
Les flocons hésitaient se perdaient
Et semblaient ne pas vouloir toucher le sol
Puis quand ils se posaient enfin
Se teintaient du mauve de ce ciel fatigué
Depuis Chambre encore j’ai entendu
Le piano un peu faux dans la chambre de Charlotte
Yann (piano) s’exerçait, bien même, sur une vieille chanson
Avec Yvan (accordéon) et j’ai suivi leur progression de loin sans les déranger
Depuis Chambre aujourd’hui j’ai téléphoné
Fumé pensé soupiré beaucoup soupiré
Regardé beaucoup regardé dehors et l’extérieur
Je me suis allongé juste un court instant
J’ai réclamé protection à Chambre aujourd’hui
Et Chambre me l’a donnée
Mais Chambre à été refaite et Chambre est blanche
Vide comme un espace, nue comme un asile
Chambre n’avait qu’un lit de barres
De cuivre ou de laiton
Et qu’un chevet bien droit
Aujourd’hui pour Chambre également