Gare Maritime 2020

L’anthologie écrite et sonore Gare Maritime, reprenant sur papier et CD textes et performances des invités de la Maison de la Poésie de Nantes durant l’année écoulée, vient de paraître. J’y étais en octobre avec David Champey, lors du festival Midi Minuit Poésie, pour un concert vidéo-musique de Saint Octobre au Lieu Unique. Vous retrouverez un extrait du morceau Tsar Bomba issu de cette performance sur le CD de l’anthologie, ainsi que le poème complet reproduit dans cette belle anthologie.

Gare Maritime 2020 : 92 pages + 1 CD = 17€. En librairie ou sur le site de la Maison de la poésie de Nantes, en suivant ce lien.

Au sommaire : Véronique Pittolo, Pascale Petit, Michèle Métail, Pierre Vinclair, Emmanuel Adely, Laure Gauthier, Véronique Kanor, Nicolas Richard, Claire Audhuy et Marina Skalova,  Eric Pessan et Erell Latimier, Annabelle Verhaegue et Théo Robine-Langlois. Ainsi que Mazin Mamoory (Irak), Thomas Tsalapatis et Katarina Iliopoulo (Grèce), Dawn Lundy Martin, Tyler Pennock, Ann Lauterbach (États-Unis), Tomomi Adachi (Japon) et Maude Veilleux (Québec).

Poésie et musique : Olivia Rosenthal & Eryck Abecassis (compositeur électro), Didier Bourda & Martin Antiphon (designer sonore), Christophe Manon & Frédéric D. Oberland (guitare), Jean-Baptiste Cabaud & David Champey (compositeur électro), Magali Daniaux & Cédric Pigot, Rosalie Bribes & Xavier Gignoux (compositeur électro).

Poésie et Handicap

Notre cœur est comme une rivière dont le sang coule rouge dans les vaisseaux sanguins de notre partie du cœur qui nous permet la vie humaine. Quelques fois, quand nous avons mal, il nous arrive de pleurer et nos larmes sont comme l’eau trouble de la mer.

Marie-France Liandrat

La poésie peut-elle soigner ? Ou tout du moins, prendre soin ?
Pendant plus de six ans, en compagnie de Sofi Breton, éducatrice spécialisée, j’ai conduit un atelier d’écriture de poésie auprès de dames handicapées, au sein de l’Association Adélaïde Perrin de Lyon. Il ne s’agissait pas d’art-thérapie, mais la régularité de ce travail ainsi que le dispositif de réflexion et d’écriture mis en place a petit à petit eu un impact réel fort sur la vie de ces dames et leurs projets de vie au sein de l’établissement.

La revue Rumeurs consacre le dossier de ses Écrits en ateliers à cette expérience d’écriture, dans son numéro 7 paru le 19 mars.

Dans un long entretien, nous revenons en détail avec Sofi Breton, sur le déroulement de ces ateliers et le dispositif expérimenté, ainsi que ses effets, parfois inattendus, constatés. Suit un large panel des poèmes écrits par ces dames.

La revue Rumeurs est disponible en librairie et sur le site de l’éditeur, La Rumeur Libre, ici.

Jean Faya, médecin et anthropologue, nous avait convié en janvier, Sofi et moi, à parler de ces ateliers lors de l’une des rencontres Les Poétiques de Let-Know Café, qu’il anime régulièrement dans son cabinet. Vous trouverez l’enregistrement de cette rencontre en cliquant ici.

Annulations

Pour les raisons coronavirales que l’on sait, toutes les rencontres de ce mois de mars sont annulées. Occupez-vous bien de vous. Occupez-vous bien des autres. Prenons soin ensemble.

Magnifique Printemps 2020

Le festival Magnifique Printemps de Lyon invite cette année le poète et traducteur Lituanien Dainius Gintalas. Ainis Selena et moi avons traduit plusieurs de ses textes pour le dossier-anthologie consacré à la poésie lituanienne contemporaine, paru dans la revue Rumeurs en 2019.

J’aurais le plaisir de les retrouver tous les deux lors de plusieurs évènements du festival liés à la traduction, à la francophonie et aux langues du monde.

Le Jeudi 19 à la Cave Littéraire de Villefontaine (38), Livraison, festival de la revue, mettra en lumière la revue Rumeurs. Au côté de Thierry Renard, directeur de la revue et d’Andrea Iacovella, éditeur, et au rythme des lectures de Dainius Gintalas, nous parlerons du dossier de poésie lituanienne publié dans le N°6, et j’aurai l’occasion également de mentionner les six années d’ateliers d’écritures menés en milieu de handicap, dont Rumeurs se fait l’écho dans son dossier “Écrits en ateliers”.

Le vendredi 20, nous participerons à la soirée “Sans Frontières Fixes” au théâtre des Asphodèles à Lyon. Lectures, conversations et concert autour des langues du monde et de la francophonie avec Paola Pigani, Mohamed Amara, Mahamoud M’Saidie. Un concert de jazz du Michel Fernandez Quartet clôturera la soirée.

Le samedi 21 au matin, enfin, rendez-vous au café le Tasse-Livre, dans le 1er arrondissement de Lyon. En partageant café et viennoiseries, Dainius, Ainis et moi animerons jusqu’à midi un petit-déjeuner-discussion autour de la traduction. Comment, pourquoi traduire, de la poésie aujourd’hui ? Quels enjeux pour la traduction, notamment pour des langues à faible diffusion, comme peut l’être le lituanien ?

En amont de ces rencontres, à l’invitation de l’Institut culturel lituanien, je rejoindrai Dainius Gintalas et Ainis Selena à la librairie Jonas, Paris 13, le mercredi 18, pour une lecture bilingue de textes et poèmes.

Toujours dans le cadre du Magnifique Printemps, mais sans mes amis Lituaniens cette fois-ci, j’interviendrai le mardi 17 à la Duchère avec la compagnie Les Artpenteurs pour le rendu public de la troisième et dernière année de la résidence “Être Poème”. Ce sera à 14h30, au Cinéduchère, en présence des usagers handicapés du SAJ Écully avec qui s’est déroulé cette résidence, ainsi que le soir, à 19h, lors de la Veillée Poétique organisée à la MJC Duchère.

Toutes ces rencontres sont en entrée libre.


17 03 20 – Lecture
Rendu de Résidence “Être Poème”, organisée par Les ArTpenteurs, avec les résidents du SAJ Ecully Odyneo
14h30 – CinéDuchère – Lyon 9


17 03 20 – Veillée poétique
Avec Les Artpenteurs, dans le cadre de la résidence ”Être poème”.
19h – MJC Duchère – Lyon 9


18 03 20 – Lecture bilingue franco-lituanienne
Avec Dainius Gintalas,  poète (LT) et Ainis Selena, traducteur (LT).
19h30 – Librairie Jonas – Paris 13ème


19 03 20 – Rencontre
Rencontre autour de la revue Rumeurs, avec Dainius Gintalas,  poète (LT) et Ainis Selena, traducteur (LT).
19h – Cave Littéraire – Villefontaine (38)


20 03 20 – Sans frontières fixes : lectures, tables rondes, concerts…
Table ronde avec Dainius Gintalas,  poète (LT) et Ainis Selena, traducteur (LT) et de nombreux autres poètes, chercheurs et musiciens.
19h30 – Théâtre des Asphodèles – Lyon 3ème


21 03 20 – Traduire la poésie, comment, pourquoi ?
Petit-déjeûner discussion autour de la traduction avec Dainius Gintalas,  poète (LT) et Ainis Selena, traducteur (LT).
10h30 – Entrée libre. Le Tasse Livre café – Lyon 1er

Fanfiction

Le Petit Fablab d’Écriture est un dispositif ludique, mêlant écriture collaborative et découverte des cultures numériques. À partir de prologues, les participants s’installent devant un poste informatique pour inventer la suite de l’histoire. Lorsque cinq auteurs ont écrit leur chapitre, l’histoire est dévoilée… Ensuite les histoires co-écrites sont fabriquées sous forme de livres au sein d’un mini-fablab ou mises en voix et enregistrées sous forme de podcasts.

Lors des rencontres nationales du PREAC 2020 organisées par l’agence Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture, des participants à ce Fablab ont travaillé à partir d’un prologue extrait de La Folie d’Alekseyev. Ils en ont tiré deux récits, L’Élu et Dans la steppe qui ont été ensuite enregistrés. Merci à eux pour ce beau travail.

Vous trouverez les versions écrites de Dans la Steppe, ici, et de L’Élu, ici.

Chers à mon cœur

À l’invitation de la Semaine de la Poésie de Clermont-Ferrand et de son programme Hors Saison, nous pourrons nous rencontrer le mercredi 12 février au café Les Baigneuses de Chamalières (63). De Lucrèce à Perrine Griselin, j’y parlerai des livres et/ou des auteurs avec qui j’entretiens une relation littéraire plus forte, plus particulière, plus intime et qui m’accompagnent en profondeur. Certains m’ont étonné ou surpris, d’autres profondément empli, d’autres ont pu largement orienter mes réflexions ou mon parcours de vie.
L’entrée sera libre, la sortie tout autant, thés, cookies et carrot cake seront délicieux pendant nos échanges, et je vous espère.

Poétique du soin

Jean Faya, médecin et anthropologue, a créé Let-Know café, un institut de recherche en anthropologie qui consacre ses travaux à produire de la connaissance sur le soin. Un intérêt particulier y est apporté à ce qu’il appelle la Poétique du Soin. j’y suis invité pour parler de l’expérience d’ateliers d’écriture que nous avons mené pendant six ans, avec Sofi Breton (également présente ce soir-là), éducatrice, auprès d’un groupe de dames handicapées, au sein de l’association Adélaïde Perrin, et de l’impact de ces ateliers sur le parcours de vie de ces dames au sein de l’établissement. Renseignements complets, ici.

★ Vendredi 31 Janvier – 19h30
Entrée et participation libres
La jauge est limitée, une réservation est vivement conseillée ici.
Let Know Café – 22 rue de l’annonciade – 69001 Lyon

Sur ces six ans d’ateliers d’écriture à Adélaïde Perrin, il est à noter qu’un dossier complet est à paraître en février dans le numéro 7 de la revue Rumeurs, aux éditions La Rumeur Libre. Nous en reparlerons.

Retour sur le festival MidiMinuitPoésie

À l’occasion du festival MidiMinuitPoésie de la Maison de la Poésie de Nantes en octobre 2019, les étudiant de LISAA, L’Institut Supérieur des Arts Appliquées de Nantes, partenaire du festival, ont réalisé des capsules vidéos avec différents invités. Une occasion de revenir sur le travail réalisé avec David Champey au sein de Saint Octobre.
Merci à Quentin Nestour, Audrey Penin et Chloé Prat pour cette rencontre.

Vous pouvez également entendre ici un enregistrement de la performance que nous avons réalisée, avec une belle présentation d’Alain Girard-Daudon, merci à lui et à Jet FM pour cet enregistrement.

Et puis ici, un entretien conduit lors du festival par Nati Gallego et Emie Morgado, élèves de 1ère au lycée Nicolas Appert, accompagnés de Linda Blanchart-Guiho, professeure de français, Virginie Choëmet, professeure documentaliste et Camille Cloarec, médiatrice littéraire.

1- Vous vous consacrez à la poésie sous toutes ses formes, avez touché à de nombreux domaines artistiques (photographie, musique, peinture…) Quel(s) domaine(s) préférez-vous et quelles collaborations vous ont le plus plu ?

J’ai bien sûr une sensibilité personnelle qui me pousse à me sentir plus proche de tel ou tel domaine artistique, la musique, par exemple. Je pratique aussi moi-même le dessin. Mais j’aime précisément les collaborations lorsqu’elles me bousculent, m’apportent des idées qui ne me sont pas naturelles, me font découvrir des univers qui ne sont pas les miens et dans lesquels j’ai moins de repères évidents. Alors sans doute s’agit-il donc autant de l’artiste en lui-même que de sa discipline proprement dite qui me parle. À ce jour, chaque collaboration m’a comblé puisque justement, elle m’a apporté des choses que je n’attendais pas.

2- Dans votre recueil Fleurs, nous avons remarqué une typographie qui nous paraît originale et très aérée. Que signifie ce choix pour vous ?

Bien qu’il faille sans doute apporter des nuances concernant la poésie contemporaine, l’usage courant dans l’édition est que le choix typographique d’un livre appartient à l’éditeur, et non pas à l’auteur, parce que souvent, chaque ouvrage est intégré dans une collection particulière, avec une charte graphique à respecter de livre en livre pour que celle-ci soit bien identifiable. Toute la mise en page de Fleurs est donc un choix initial de l’éditeur qui concerne sa collection entière et je n’y ai pas participé. J’ai simplement fait une proposition typographique et de couleur pour la couverture, qui a été acceptée. Le fait de changer le corps de la police sur certains vers de Baby Fleurs est aussi une proposition de l’éditeur.

3- Dans votre livre Nouveau Noum, en collaboration avec le groupe Saint Octobre, comment expliquez-vous cet intérêt pour la Russie et son activité nucléaire ?

La Russie me fascine et m’interroge depuis l’enfance, par sa richesse culturelle, par l’immensité de sa géographie, par l’étrangeté de son parcours politique, par son mélange permanent de profonde subtilité et de pragmatisme basique et violent. Parce que c’est un pays du froid et du long hiver, aussi. En m’intéressant aux zones Arctiques de ce pays, je suis tombé un peu par hasard sur l’activité nucléaire dans ces régions et souvent, les dégâts collatéraux qui en résultent. Je considère que la poésie est un formidable outil d’observation du monde et ça faisait longtemps que je voulais éprouver la mienne sur des sujets considérés par beaucoup comme moins ou pas poétiques. J’ai une opinion assez précise sur le nucléaire, mais en l’occurrence, ce livre n’est pas là pour la porter en particulier car j’avais une autre question plus importante à résoudre en entamant ce travail : le nucléaire est aujourd’hui, en France au moins, un sujet ultra clivant dont on ne peut pas parler sans entrer dans des batailles idéologiques « pour » ou « contre ». Alors pouvait-on proposer à un public, sur un tel sujet, un livre qui ne soit pas militant, c’est à dire dont le but premier n’était pas de donner une suite d’arguments en faveur de, ou contre cette énergie, mais qui pouvait traiter poétiquement et artistiquement de ce sujet, comme il aurait quasiment pu le faire de n’importe quel autre ? Une illustration de ce questionnement pourrait être ceci : un champignon nucléaire est une horreur par ce qu’il représente : radiations, contamination, dévastation… Pourtant, en terme de beauté formelle, cet agencement de particules poussées dans leurs limites les plus extrêmes donne l’un des phénomènes physiques les plus impressionnants et les plus phénoménaux qu’il soit donné de voir. Les photos sont fascinantes, des artistes en ont fait des œuvres de très haute esthétique. Comment résoudre cette dichotomie ? Comment se positionner face à cette beauté de l’horreur ? Je ne donne aucune réponse dans Nouveau Noum, mais avec les autres artistes du projet, nous posons ce genre de problématique : à chacun de les résoudre selon son choix.

4- Nous avons également constaté que le livre est écrit en anglais et en français, avez-vous fait ce choix pour le rendre plus accessible ? Et pour quelle(s) raison(s) avez-vous choisi d’intégrer autant de photographies dans cette œuvre ?

L’anglais est pour une accessibilité internationale, oui. Je travaille régulièrement à l’étranger et ce sujet du nucléaire est bien international, malgré les discours de chaque État considérant que le nucléaire fait partie de son pré carré intérieur. Nouveau Noum est un livre, mais aussi un film musical long métrage, mais aussi une exposition de photos, mais aussi un objet graphique formel. Certaines librairies l’ont rangé au rayon Beaux-Arts et non pas au rayon Poésie. Chaque artiste qui a travaillé sur ce projet a un univers personnel fort et c’est la rencontre et la multiplicité de ces univers, auxquels il fallait laisser pour chacun une place aussi large que celle de la poésie elle-même, qui à mon sens crée la singularité artistique de ce projet.

5- Votre recueil Fleurs et votre livre Nouveau Noum paraissent totalement différents. Selon vous, y a-t-il des points communs ou bien sont-ils réellement des projets opposés ?

Je ne sais pas exactement quels sont les points communs entre Fleurs et Nouveau Noum, mais il y en a forcément, puisque mon univers mental et ma vision du monde n’ont pas radicalement changé entre ces deux livres. Quelqu’un d’extérieur analyserait sans doute cela mieux que moi. En revanche, ce que je sais, c’est que je n’aime pas appliquer des recettes, travailler sur des formes que j’ai déjà utilisées dans un précédent projet. Chacun de mes livres est indépendant, différent des autres, en forme et en ton, même si, bien sûr, certaines thématiques communes peuvent revenir de l’un à l’autre. Malgré cette diversité de formes et de motifs, j’ai quand même la sensation d’évoluer dans un univers cohérent. Aux autres d’en juger !

À l’institut Vavilov de Saint-Pétersbourg

En travail préparatoire à la création de la performance Station : Vavilov ! qui devra inaugurer le jardin d’expérimentation botanique créé à Lyon par le CRBA (les détails de ce projet sont ici), l’équipe ethno-artistique dont je fais partie avec Vincent Delpeux, vidéaste, Olivier Givre, anthropologue et Sabrina Novak, coordinatrice, se rend à Saint-Pétersbourg du 24 novembre au 1er décembre 2019. Nous accompagnerons les scientifiques du CRBA pour une semaine d’études, de rencontres et de recherches au sein de l’Institut Vavilov, partenaire du projet, et de ses jardins d’expérimentations botaniques.

L’inauguration et le spectacle final sont prévus pour septembre 2020 avec des représentations en France et en Russie, mais nous montrerons une première étape intermédiaire de ce travail combinant botanique, cinéma, anthropologie et poésie, lors du festival À l’École de l’Anthropocène, de l’École Urbaine de Lyon, le 1er février 2020.

Institut Vavilov
Institut Vavilov
Institut Vavilov

Station : Vavilov !

Le CRBA, Centre de Ressources de Botanique Appliquée, est une association lyonnaise d’ethno-botanistes dirigée par Stéphane Crozat. Une large partie de son travail est plus particulièrement lié à l’étude et à la conservation d’un patrimoine végétal mondial et à sa remise en circulation face aux enjeux actuels et futurs du changement climatique. Près de 80% des espèces végétales domestiques ont disparu dans le monde depuis la seconde guerre mondiale, la richesse génétique des plantes s’est dramatiquement amoindrie, et les problématiques liées à notre sécurité alimentaire sont bien réelles de ce point de vue-là. Que mangerons-nous dans la région Auvergne-Rhône-Alpes dans les années qui viennent ? Quelles variétés végétales résisteront au changement climatique, sans passer par une agriculture où les intrants chimiques ont démontré leurs limites ?

Nikolaï Vavilov

Le CRBA est partenaire depuis 2014 de l’Institut Vavilov de Saint-Pétersbourg, fondé en 1894, plus ancienne banque de préservation de semences végétales au monde. L’institut porte le nom de Nikolaï Ivanovitch Vavilov (1887-1943), agronome, généticien et botaniste russe. Ce savant visionnaire a conduit, entre 1920 et 1940, 115 expéditions de collecte de végétaux dans 64 pays avec une seule obsession : préserver l’humanité de la famine en identifiant, sauvegardant et étudiant la biodiversité et la richesse génétique des espèces végétales. Cette collection, entretenue vivante à travers toute la Russie dans les onze stations d’acclimatation de l’institut, abrite aujourd’hui les semences d’environ 325 000 espèces et variétés végétales, faisant d’elle la quatrième banque de semences mondiale par la taille de sa collection. L’Institut organise la redistribution gratuite de ce patrimoine génétique fruitier ou légumier dans plusieurs pays, y compris dans les lieux d’origine d’où il avait parfois disparu, comme en Rhône-Alpes avec le CRBA. Sa collection a été prélevée sur les cinq continents au début du XXème siècle, avant l’avènement de la chimie de synthèse et le début de l’érosion génétique, et constitue donc un patrimoine biologique et culturel essentiel pour les enjeux agricoles et paysagers de demain

Le CRBA installe sur la métropole de Lyon la Ferme Melchior, un laboratoire de la biodiversité qui sera inauguré en septembre 2020. Il s’agit d’acclimater et d’expérimenter des végétaux a priori peu habitués au climat actuel de la métropole de Lyon mais qui pourraient, avec le changement climatique, s’adapter ou même remplacer certaines cultures désormais inadaptées, et cela se fait par le biais d’une station d’expérimentation Nikolai Vavilov, la première de ce type créée hors de Russie. Cette station, travaillant en miroir avec les stations de Pavlosk et d’Astrakhan en Russie, proposera l’étude de variétés d’origine locale et mondiale, afin de mettre à disposition du plus grand nombre les ressources génétiques nécessaires à notre alimentation et notre environnement. Au-delà même des enjeux scientifiques primordiaux, cette démarche appelle en profondeurs des champs de réflexion autour des notions d’environnement, d’anthropocène, ou de futurs urbains.

Un groupe ethno-artistique a été constitué par le CRBA pour suivre ce projet sur la longueur, s’en emparer et témoigner, artistiquement et du côté des sciences humaines, de la démarche scientifique engagée. J’ai été appelé à en faire partie en tant que poète, aux côtés de Vincent Delpeux, graphiste, vidéaste et Olivier Givre, anthropologue, maître de conférence à l’université Lyon 2 Lumière. Sabrina Novak coordonne le groupe pour le CRBA et David Champey, nous rejoindra sur une partie de ce projet pour la création musicale.

Notre premier travail est de concevoir la forme scénique qui sera jouée et performée, lors de l’inauguration de la station Vavilov à Lyon en septembre 2020 puis à Saint-Petersbourg.

Rendez-vous en 2020 !